Le conseil municipal se termine en pugilat
Le monde politique local n'est pas sorti grandi du dernier conseil municipal, jeudi
soir, à Noisy-le-Grand. Après une première interruption de séance, vers 20 heures,
provoquée par d'innombrables altercations verbales impliquant les élus de la majorité,
ceux de l'opposition et des membres du public, une bagarre a éclaté sur le perron de
l'hôtel de ville à l'issue du conseil, entre François Matsiona, conseiller municipal
socialiste, et Abdelkrim Sarouli, candidat indépendant aux législatives.
L'acte I commence à 19 h 30, lorsque le député-maire socialiste Michel Pajon ouvre la
séance du conseil municipal. Dans la salle, une quinzaine de membres de l'association
Noisy Environnement, qui ont manifesté un peu plus tôt devant la mairie, sont venus
grossir les rangs du public. L'ambiance entre les élus de la majorité et ceux de
d'opposition de droite est électrique.
Un élu RPR veut prendre la parole, l'édile refuse.
Le ton monte entre les élus, sous les sifflets et les remarques du public, et Michel
Pajon suspend la séance une demi-heure, pour la première fois depuis 1983.
« C'était vraiment n'importe quoi, raconte, navrée, une habitante présente dans la
salle. Les disputes étaient très violentes, tout le monde s'est insulté. Cela donne une
piètre image de la démocratie. »
La reprise des débats inaugure l'acte II. La pause n'a pas calmé les
esprits. L'ordre du jour, pourtant, ne prête pas à la polémique : des successions
d'appel d'offre pour l'aménagement de la ville. Les insultes se poursuivent, après la
fin du conseil vers 21 h 15, jusqu'au perron de la mairie.
Jusqu'à ce que la police surtout intervienne pour séparer François Matsiona et
Abdelkrim Sarouli qui en viennent aux mains après avoir échangé des noms d'oiseaux. Les
élus du conseil municipal, de droite comme de gauche, ont unanimement condamné, hier,
les agissements de... leurs opposants politiques respectifs. « Ce qui s'est passé est
très grave, souligne-t-on à l'hôtel de ville. Le groupe de M. Morère (NDLR : Noisy
demain) a tout fait pour empêcher le conseil de se dérouler normalement. Ce n'est
même plus de la politique. On ne peut pas supporter que ce climat délétère génère
des insultes et des menaces de mort contre un élu. »
L'élu visé retourne la critique : « Nous sommes scandalisés, souligne Jean-Marc
Morère. Toute la séance, nous avons été insultés par la majorité municipale. Cette
attitude est indigne des élus qui siègent. »
Entre les protagonistes du pugilat, injoignables hier, la guerre s'est poursuivie au
commissariat : en début d'après-midi, François Matsiona a déposé plainte contre
Abdelkrim Sarouli pour « propos racistes » et « menaces de mort ». Le candidat sans
étiquette aux élections législatives, président de l'association musulmane Ettaqwa,
devrait être entendu par la police la semaine prochaine.
Renaud Saint-Cricq - Le Parisien , samedi 18 mai 2002